Chers amis Burkinabés,
Nous parlons de vous et de votre pays chaque semaine afin de susciter l’intérêt de nos compatriotes et si possible un élan de solidarité envers vous. Vous nous demandez souvent de vous parlez de l’hiver et de la neige qui vous fascine. La note de cette semaine est donc pour vous.
Nous nous sommes réveillés vendredi dans un vrai paysage d’hiver. Notre beau-frère Georges s’est promené dans notre petit village. Il a pris des photos que vous allez apprécier, pensons-nous….







C’est sur les routes que les choses se gâtent…. Les marchés de Noël des 19 et 20 décembre ont été annulés pour cause de glisse.
C’est fâcheux, car nous partons vous rendre visite dans quinze jours! Nous savons que depuis les inondations du 1er septembre, le prix des céréales a doublé et que vous peinez à vous nourrir. Vous pouvez comptez sur nous tous : les adhérents et amis de l’association Zóodo ne vous laisseront pas tomber !
A bientôt donc et Joyeux Noël à vous tous.
Jean-Marc et Anne-Marie
Nous vous soumettons cette semaine les conclusions d’un expert qui viennent confirmer nos propres observations. « Jan Egeland, conseiller spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, en déplacement au Sahel le 3 juin 2008, livrait son journal de voyage. Sécheresse persistante, anomalies climatiques, baisse du débit du Niger, conflits armés pour les ressources, présence de trafiquants colombiens : au coeur de l’Afrique, de Ouagadougou à Tombouctou, la mondialisation et le changement climatique sont à l’oeuvre et fragilisent les pays qui sont parmi les plus deshérités de la planète. »
Jan Egeland, IRIN,
1ère journée : Ouagadougou
« Un débat très académique est en cours actuellement en Europe : on se demande encore si « le climat est déjà en train de changer » et si « le changement climatique est visible aujourd’hui ». Ici, au Burkina Faso, ce débat n’a pas lieu, parce que les conséquences parlent déjà d’elles-mêmes ».
« Bien que nous ayons passé la journée [du 2 juin] à rencontrer les représentants du gouvernement et le personnel des Nations Unies, cela m’a ouvert les yeux, surtout les discussions que j’ai eues avec les ministres de l’Agriculture et de l’Environnement. Tous ceux que j’ai rencontrés m’ont donné une kyrielle d’exemples de la manière dont tout ce qui a à voir avec le climat et les précipitations au Burkina Faso a atteint des extrêmes ces 10 dernières années ».
« Le changement climatique au Burkina Faso ne se traduit pas par une réduction des précipitations, mais par leur plus grande imprévisibilité. Et le climat général est devenu bien plus extrême dans sa manière de se manifester : la chaleur, le froid, les hauts et les bas en matière de précipitations ».

« Les populations ne peuvent pas prédire quand la pluie va tomber. Et quand elle tombe, il pleut des cordes. L’année passée, le Burkina Faso a enregistré huit précipitations de plus de 150 millimètres : cela veut dire qu’il y a eu huit inondations dévastatrices dans une période de quatre mois ».
« L’alternative aux inondations est, en fait, une absence de précipitations : c’est tout ou rien, et dans tous les cas, cela se traduit par une crise, de façon complètement imprévisible, pour des populations qui comptent parmi les plus pauvres du monde ».
« J’ai appris aujourd’hui que dans des régions où il ne pleuvait auparavant jamais, les populations enterraient leur argent dans la terre pour le conserver, n’ayant pas accès aux banques. Or, l’année dernière, lorsque des pluies torrentielles se sont abattues sur certaines de ces régions, la terre s’est transformée en bourbier et l’argent [enterré] a été emporté par les eaux de crue, avec les maisons des habitants et le reste de leurs biens ».
« [Cette anecdote] est un bon exemple de la bizarrerie des nouvelles réalités auxquelles les populations de ce pays se trouvent confrontées à mesure qu’elles se trouvent aux prises avec des conditions climatiques qu’elles n’avaient jamais connues jusqu’ici ».
« Une autre retombée importante concerne l’agriculture, bien sûr. Les habitants plantent au moment où la pluie doit commencer à tomber, et puis, rien ne tombe, ou bien les pluies sont très peu abondantes, alors les pousses finissent par se dessécher et mourir. Et puis soudain, de violentes averses s’abattent, qui provoquent une inondation et tout est emporté par les eaux ».

« Ce qui m’a également ouvert les yeux, aujourd’hui, ç’a été de prendre connaissance des statistiques qui m’ont été présentées par le gouvernement, et selon lesquelles le Burkinabè moyen émet 0,38 tonne de CO² par an. Le Chinois moyen en émet 10 fois plus, un Britannique 30 fois plus et les Américains 75 fois plus par habitant ».
« Et de découvrir que le Burkina Faso émet en tout 4,5 millions de tonnes de CO² par an, tandis que le Canada en déverse 747 millions de tonnes, pour une population à peu près équivalente ».
« Cela illustre un problème moral important : ceux qui ne contribuent pas au réchauffement climatique font les frais des changements que ce phénomène engendre, tandis que ceux qui l’ont causé s’en sortent bien. En d’autres termes, les pays du nord commettent des meurtres en toute impunité ».
« La situation est-elle désespérée ? Absolument pas. Les membres du gouvernement et des Nations Unies que j’ai rencontrés ici aujourd’hui m’ont fait clairement comprendre que le Burkina Faso avait besoin d’investissements. Le pays pourrait produire bien plus de vivres, s’il recevait de l’aide sous forme de semences, d’engrais et de systèmes d’irrigation plus performants, en plus grande quantité ».
« Le ministre des Affaires étrangères a expliqué que le pays avait également besoin d’aide en matière de production d’énergie et de reforestation. Je vais m’efforcer de trouver, dans les prochains jours, des exemples concrets de solutions possibles ».
« Malheureusement, ce qu’on m’a fait remarquer à juste titre, c’est qu’à ce jour, les palabres sont allés bon train sur l’aide à apporter aux pays en voie de développement pour leur permettre de faire face au changement climatique, mais que ces paroles ne se sont guère traduites en actes ».
« [Les gens] sont désillusionnés, et c’est vraiment honteux, parce qu’ils n’ont rien fait pour se mettre dans une telle situation, et nous qui avons causé ce problème en ignorons les conséquences parce qu’elles ne nous concernent pas ».
Les habitants de Zongo n’arrivent plus à se nourrir. Le prix des céréales a doublé et les familles qui ont leurs concessions à reconstruire, ne peuvent pas faire face aux dépenses. L’excès d’eau a ruiné les récoltes qui s’annonçaient bonnes.
Le Coordonnateur des centres d’alphabétisation, Antoine Onadja Maldia, a organisé une distribution de céréales pour les élèves du centre. Il a utilisé les fonds que vous avez versés en septembre /octobre.



Nous savons que notre prochaine mission au mois de janvier, consistera à trouver du riz d’importation à prix correct et à l’offrir partout où nous irons. Nous sommes donc tributaires de votre soutien.
La cantine de l’école Pouiwindin se retrouve, en tout début d’exercice, dans uns situation précarisée par le cours des céréales. Nous apprenopns que 300 enfants sont inscrits contre 200 l’an passé…. Nourrir ces enfants qui reçoivent peu chez eux est donc prioritaire.
Nous avons reçu gratuitement un stock de cahiers et de stylos et nous sommes preneurs d’agendas 2010. L’argent récolté ira intégralement en achats de vivres et en soins médicaux. L’heure n’est plus aux objets de consommation courante : LA FAMINE EST LÀ !
Nous avons reçu, mercredi, des photos du pays gourmantché, à l’est du Burkina Faso. Ousman Sanga et Hélène Dabilgou, les enseignants des Centres Banma Ciagu, remplissent leurs missions d’alphabétisation des adultes, avec enthousiame, abnégation et un esprit civique exemplaire.
Ousman peut travailler enfin tranquille au sein de notre association, après bien des ennuis dont nous vous avons récemment parlé. L’enseignement se fait d’abord en langue gourmantchéma. Puis début 2011, commenceront les cours de français qui est la langue administrative du Burkina Faso.
Dans le petit village de Gomoré, il y a 57 élèves qui se consacrent avec efforts à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul.
Nous nous réjouissons de les revoir, au mois de janvier, lors de notre prochain séjour. Nous traverserons en bus notre cher Faso et arriverons comblés, en fin d’après-midi, à la gare routière de Fada N’Gourma où ils nous attendront. Nous trouverons un taxi pour Gomoré qui est le plus hospitalier et authentiquement africain des villages que nous connaissons… Les instants d’échanges et d’amitié partagés là-bas, nous manquent quand nous retournons à notre vie européeene !
Hier samedi 31 octobre, le Bureau de l’association s’est réuni à Asplos.
Karel Faille, Trésorier, Natacha Rigal, Secrétaire adjointe, et Aude Fontenay, Chargée de mission, étaient absents retenus par les impératifs de la vie européenne : nous sommes tous surbookés !
Nous nous efforçons cependant de nous retrouver régulièrement pour faire le point, prendre des décisions et définir ensemble les actions à impulser sur le terrain.
Nous avons échangé sur quatre grands thèmes :
1. Le parrainage de quinze enfants et de quatre adultes et leurs familles
Nous avons discuté des diverses situations individuelles. Les élèves de Dapelgo sont placés sous la responsabilté du nouveau Directeur de l’école Sylvain Kabré. Notre aide va toujours à la scolarisation en primaire d’enfants orphelins. Seul le jeune surdoué, Harouna Sandwidi, bénéficie du souitien d’un parrain pour poursuivre ses études dans l’enseignement secondaire.
Antoine Onadja, le Coordonnateur des centres, veille sur la situation des autres enfants et adultes parrainés. Il nous donne régulièrement des informations sur l’évolution de leurs situations personnelles. Le suivi et l’organisation de la vie de quatre enfants malades ou handicapés mobilisent beaucoup de temps et d’énergie (visites et soutien aux familles, relation avec les instituts de rééducation, suivi scolaire et médical …). Les parrains et marraines reçoivent régulièrement les reçus des versements, des nouvelles et des photos par mail.
2. Situation des divers centres d’alphabétisation
Nous avons échangé sur les exigences du rôle et des missions du Coordonnateur. Évalué la qualité de son travail (points forts et points sensibles à réexaminer avec lui en janvier). Nous nous félicitons de son enthousiasme à développer les actions de l’association sur le terrain. Nous avons noté le lien intéressant qui existe entre ses études passées en sociologie, portant sur les recherches et techniques existant sur l’analphabétisme des adultes de son pays et les actions qu’il sait impulser concrétement.
– Centres de Ouagadougou : les nouvelles du centre de Zongo devenu maison des femmes du village sont satisfaisantes. Nous avons évoqué la situation actuelle liée au départ en stage d’Elisa Ouédraogo, enseignante en français, qui vient de débuter une formation de professeur des écoles. Les cours sont assurés de façon transitoire par Augustin Kabré, salarié des premiers instants du centre Bangr Zaandé, dont nous saluons l’enthousiasme et le dévouement. La poursuite des cours d’alphabétisation en mooré et en français pour les artisans handicapés de l’atelier Wend La Mita doivent être réorganisés du fait de ce départ.
– Centre Lonni Souma de Bobo Dioulasso. Suite à une inspection officielle, une enseignante en dioula a été embauchée début octobre. La situation de quatre salariés de ce centre manque de clarté. Elle mérite d’être réexaminée, ce que nous ferons quand nous serons sur place début janvier.
– Alphabétisation en pays gourmantché. L’alphabétisation a repris il y a quinze jours après bien des déboires. Après le décés subit en septembre d’un des enseignants Michel Dabilgou. Sa veuve Héléne a repris le flambeau.
Cependant, Ousman Sanga qui consacre sa vie à l’alphabétisation des adultes de sa province a été victime de malveillances. L’évolution de sa situation de bénévole depuis des années à salarié d’une association française a alimenté la jalousie de ses compatriotes. Suite à des accusations calomnieuses, il a été incarcéré pendant 15 jours puis totalement innocenté. Un courrier officiel du Bureau de l’association destiné au Parquet de Fada N’ Gourma et les efforts d’Antoine Onadja ont été décisifs.
3. Relations publiques au BF
Nous avons accueilli récemment et avec soulagement, la nouvelle de la réintégration de Paul Silga à un poste de Directeur d’école. Lui aussi a été victime en 2008 de déplorables jalousies liées aux éloges qui lui avaient été prodigués dans l’article de notre désormais ami Guy Sitbon, paru dans la revu Marianne de février 2008. Paul après avoir été injustement congédié de l’école de Dapelgo et rétrogradé à un poste d’instituteur de CP sort d’un véritable cauchemar.
Ces »deux accidents de parcours » survenus à des salariés ou à des partenaires de l’association, méritent des prises de position officielles et médiatisées. Un article explicitant cette situation va paraître ces jours ci dans la presse nationale.
Des rencontres avec des personnalités, la médiatisation officielle du travail de l’association sont en cours d’organisation. Notre prochain séjour de janvier sera donc décisif pour la pérénisation et la confortation du travail de nos équipes sur le terrain.
Suite à des constats récurants, les membres du Bureau soulignent le caractère impératif de nos séjours réguliers sur place. Déjà trois séjours à différentes périodes de l’année 2010 sont envisagés par Jean-Marc et Anne-Marie puis Jacky et ensuite Jocelyn. Notons que ces séjours représentent des efforts financiers personnels des membres du Bureau.
4. Aspects financiers
Nous avons examiné les comptes de l’association avec le nouveau Trésorier adjoint de l’association, Jacques Chiapello. Nous avons fait un point sur les dons et les virements au BF depuis l’assemblée Générale. En septembre, trois virements ont été effectué pour un montant total de 1400 € pour 750 € de charges fixes (salaires, location du pavillon de Bobo Dioulasso). En octobre 1600 € ont été envoyés. Nous avons commenté les résultats des aides spéciales liées aux inondations du 1er septembre et à la crétion de la cantine pour l’école de Zongo en collaboration avec l’association Pouiwindin. L’aide à la cantine a connu un résultat mitigé d’où notre volonté de compléter les achats de céréales pour l’école par l’achat de 300 à 500 kg de riz au mois de janvier.
Nous avons discuté du rôle de Jacques et listé ses démarches lors de notre séjour au Burkina Faso (réception du courrier, suivi des comptes et des virements).
Nous avons détaillé le travail de recherche de subventions qui occupe Aude Fontenay depuis l’Assemblée Générale. Nous avons retenu deux champs d’intervention susceptibles d’obtenir la collaboration d’organismes officiels ou d’ONG. Il s’agirait de fonds en faveur de l’alphabétisation des femmes et de la recherche d’un financement de 700 € pour la création d’ateliers de filature et de tissage de fibres obtenues au moyen du recyclage des sachets plastiques qui traînent en quantité alarmante dans le village de Zongo.
Nous avons conclu la réunion sur la nécessité de poursuivre et améliorer la coopération avec des organismes africains de développement et d’alphabétisation.
Ces échanges intervenus dans un esprit convivial se sont terminés par un repas pris en commun.