Que savons-nous en Europe des conditions de vie des femmes qui survivent avec courage et dignité dans les quartiers pauvres de Ouagadougou ? Nous ne doutons pas de leur misère sans oser aller au fond des choses. Leur meilleure avocat, Minata Sanou-Ouedraogo, Présidente de l’association Badenya, sait nous parler d’elles avec respect et amitié. Nous recevons cette semaine sa description minutieuse et des  photos superbes qui nous présentent de façon éloquente le quotidien des tisserandes de Saaba.

Bureau de Badenya

« L’Association Badenya (fraternité en dioula) œuvre depuis quelques années à l’amélioration de la condition des femmes du Faso.  Dans les articles passés, nous disions qu’on rencontrait dans notre association, des femmes lettrées et des femmes illettrées. Celles qui sont illettrées mènent des petites activités comme le petit commerce; telles que la vente de la bière de mil (le dolo), le tissage, la savonnerie, le ramassage et le concassage des pierres.   Aujourd’hui nous nous intéressons  aux femmes qui font le tissage tout en vous décrivant cette activité. Ce matin ces femmes vont nous dérouler leur activité du début à la fin.

Au sein de l’association nous avons 05 femmes qui savent tisser. Ce sont : Segda Suzane ; Compaoré Ami ; Ouedraogo Bibata ; Ouedraogo Viviane, et Ouedraogo Alizeta. Pour avoir les nappes Faso Danfani, les femmes se procurent dans un premier temps du fil qu’elles achètent sur la place du marché. Ces fils sont à base de coton 100% burkinabè et travaillés dans une usine de filature au Burkina. Les fils 100% coton de la filature du Sahel (FILSAH). Un paquet de fils coûte 2500F (4€)  sur le marché, et dans ce paquet se trouvent 12 rouleaux de fil. Et avec les  05 paquets, elles peuvent faire 6 pagnes qu’elles vendent aux commerçants  sur les marchés ; le pagne leur sont payés au prix de 3 500f ou 4 000 f (6 à 6,50 €).

A l’achat, ces fils sont de couleur blanc sale, ensuite ces fils sont lavés et séchés et nous verrons le fil deviendra plus blanc qu’à l’achat. Ici nous avons 5 paquets de fils qui ont été lavés et sont étalés pour le séchage. Pour se procurer ces fils ces femmes doivent parcourir plus d’une dizaine de km, soit à vélos ou à pieds ; cela leur prends plus de la moitié de la journée. De retour ces fils sont lavés dans soirée même puis étalés. Les fils lavés sont étalés pour les faire sécher toute la journée du lendemain. Ce n’est qu’au troisième jour qu’elles pourront commencer l’enfilage. Une fois les fils séchés ; nous les ramassons et les trions pour la prochaine phase qui est  la mise dans un bois spécifiquement fabriqué pour faciliter son étalage.

TISSAGE SAABA SEPTEMBRE 2014 2

TISSAGE SAABA SEPTEMBRE 2014 3

OUEDRAOGO Alizeta est entrain de trier les fils, qu’elle va monter sur un bois pour étalage. Elle vient de finir ce travail, elle a monté sur trois bois, donc elles seront trois femmes à faire l’étalage. ; et pour cela, elles se réveillent très tôt le matin, à 4h 30 ou 5h du matin. Elles commencent l’enfilage pour finir avant le lever du soleil, sinon sous le soleil c’est très fatiguant, mais pour cette séance elles ont commencé l’enfilage vers 10h. Avant l’étalage elles vont clouer des piquets au sol avec des fers et c’est sur ces fers qu’elles vont étaler les fils. Une fois les piquets cloués, elles vont commencer l’étalage. OUEDRAOGO Alizeta commence l’étalage elle vient de placer dans cet instrument 6 rouleaux de fils, on peut utiliser un paquet de 12 pelotes pour monter une chaîne. » MINATA

SEPTEMBRE 2014 1     TISSAGE SAABA SEPTEMBRE 2014 4

Le montage du métier commence alors : c’est un travail patient et minutieux …

TISSERANDES 1

TISSERANDES MONTAGE DE LA CHAÏNE SUR LE M2TIER

TISSERANDES 2

Ensuite seulement, commence le long travail du tissage …

Viviane Ouédraogo 1   tisserande Saaba TISSERANDE 2014 2

TISSERANDE 2014 3

TISSERANDES 4

TISSERANDES 3

Pour les tisserandes de Saaba l’espoir  renaît car, ici en France, nous nous sommes mis à présenter leurs tissages sur les marchés d’artisanat.

Les pagnes tissés à Saaba ont du succès sur les marchés d’artisanat français et nous les vendons bien ! Minata estime le  fruit de trois jours de travail à 10,50 €alors que les tisserandes de Saaba les vendaient 4 ou 5 € aux négociants des beaux quartiers de Ouaga. Zóodo propose  leurs pagnes (taille environ 2,50 m x 1,20 m) au tarif français de 25 €  :  qui oserait dire que c’est trop ? Certaines de ces femmes élèvent seules leurs enfants.

Segda Suzane recevant une somme de 10 000f pour ses tissages                                       Segda Suzanne recevant la somme de 10 000 fr pour ses tissages.

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