Nous attendions impatiemment notre déplacement du 23 janvier, en pays gourmantché, province de l’est située à 300 km de Ouagadougou. Le village de Gomoré fait partie de l’agglomération de Fada N’Gourma. Nous sommes attachés à ce coin de brousse où se trouve un des trois centres d’alphabétisation en langue gourmantchéma, administré par l’association.
Notre première visite est pour Hélène Dabilgou et sa famille. Hélène se retrouve veuve de l’enseignant Michel Dabilgou qui nous a quittés en septembre 2009. Elle a encore six enfants à charge et l’association lui verse temporairement une pension. Un de ses enfants reprendra le poste d’enseignant dans quelques mois. Nous sommes accueillis dans la concession familiale par ses enfants et les collègues et amis pasteurs de Michel.
Sous ce modeste hangar, nous assistons aux cours de maths de l’après-midi et sommes « bluffés » par les progrès accomplis par les 24 élèves alphabétisés depuis avril 2009 à Gomoré. Ousmane Sanga est un enseignant remarquable qui a choisi, depuis plusieurs années, de se consacrer à l’alphabétisation en langue gulmacema de ses compatriotes.
Apprendre à lire à l’âge adulte requiert des intéressés, beaucoup de volonté et de persévérance. Les femmes burkinabées peinent à se libérer de leurs activités domestiques. Après 16 h, plusieurs femmes regagnent leurs concessions : au retour de leurs maris, tout doit être prêt impérativement chez elles. Ousmane sait doser la patience, les exigences et les encouragements qui permettent aux adultes de recevoir son enseignement et de progresser rapidement. Il sait aussi convaincre, si nécessaire, les maris réfractaires…
En moins d’un an les élèves lisent, écrivent et résolvent des problèmes de maths. Cet après-midi, ils calculent le prix de revient de 7 têtes de bétail et révisent les multiplications et les divisions.
Nous arrivons avec du matériel scolaire. Il y a peu d’argent dans les familles qui pratiquent le troc pour subvenir à leurs besoins. Les élèves peinent à payer le cahier et le stylo nécessaires à la prise des cours et ces modestes cadeaux les comblent.
Nous recevons à notre tour des cadeaux.