Des nouvelles inquiétantes nous arrivent de la Province du Gourma.

Je demandais à Nafissatou Toguyéni si, comme entendu entre nous, elle avait pu se rendre au nouveau centre de Diabo pour y prendre des photos. Sa réponse nous alerte ce matin :

« Bonjour, je n’y suis pas allée par ce que il y avait eu une attaque du village voisin non loin de Diabo c’est Bounpia, Ils ont tué 6 personnes et attrapé 13 personnes. Les villageois se sont enfuis donc il faut que j’attende deux jours pour voir, merci beaucoup pour votre compréhension. Je vous embrasse. »

Avec Jean-Marc nous lui avons déconseillé de se déplacer. Nafissatou
peut avoir des nouvelles en appelant sa collègue Tani.

Nous lui avons conseillé de trouver quelqu’un dans ce village qui ait un portable et prenne des photos, qu’elle pourra se les faire envoyer c’est moins dangereux !

Province du Gourma : « Le climat sécuritaire connait une dégradation accélérée », s’inquiètent les autorités.

Depuis huit ans, le Burkina Faso est en proie à un problème sécuritaire sans précédent. N’épargnant à ce jour aucune région du territoire national, le phénomène apparaît néanmoins plus accentué dans certaines régions, dont celle de l’Est.

Les terroristes continuent de semer la panique, la terreur et la désolation au sein des populations.

L’on assiste depuis lors à des attaques tous azimuts, entrainant ainsi une confusion totale chez les populations. Entre tueries et destructions quasi-systématiques de biens, les populations fuient, sans pouvoir enterrer leurs morts.

Ainsi, des quartiers et des hameaux du Gourma se sont vidés de leurs populations.

Au total, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui arrivent à Fada N’Gourma. Si certains peuvent être accueillis par des parents, amis et personnes de bonne volonté, la grande majorité de ces déplacés forcés se retrouvent dans la nature, en quête de gite et sans pitance.

Les villages reculés où sont implantés deux des trois centres restent indemnes. Ceux de Huntaandeni et de Binadéni. Nafissatou garde son esprit positif et continue d’y croire et nous avec elle.

Nafissatou, Tani et Marie

Nous ne manquerons pas de vous donner des nouvelles fraîches dès qu’elles nous parviendront. Amitiés à tous.

Depuis le 21 mars nous suivons les travaux du bâtiment qui va permettre à l’école de Dafra, à la périphérie de Bobo Dioulasso, d’accueillir dans des conditions correctes la foule d’enfants réfugiés venus des provinces en proie au terrorisme.

A distance, nous avons vu le bâtiment sortir de terre et croître.

En date du 7 mai Casimir Ouédraogo, le Responsable des centres du Burkina Faso, nous a envoyé des photos des travaux pratiquement terminés :

Vous suivez les efforts des Burkinabè pour faire face au développement du pays. Nous apprécions votre fidèle soutien depuis dix-huit ans.

Nous vous demandons de soutenir Mme SANOU Florence, la Directrice de l’école, en lui permettant d’acheter le mobilier scolaire pour que les classes soient opérationnelles pour les cours de soutien et de révision des vacances. Son équipe et elle-même, vous remercient chaleureusement pour vos marques de solidarité concrète qui leur sont parvenues depuis quatre mois.

Amitiés à tous.

Jean-Marc & Anne-Marie Bruel

Pour le Bureau de l’Association ZOODO

Message reçu de Nafissatou le 26 mars, elle nous annonçait un changement important :

« J’ai une nouvelle et une demande à vous faire, les gens de Diabo m’ ont envoyé une délégation pour nous présenter une demande de centre d’alphabétisation en langue  gulmancema pour leur village…. »


Tani Ogadou, réfugiée depuis deux ans à Binadéni suite à l’insécurité du centre de Yamba d’où elle s’était enfuie avec sa famille, a accepté ce nouveau poste. Les villageois gèrent son installation à Diabo  où elle sera logée avec sa famille.

Elle commence les cours avec 36 élèves dont 8 hommes.

Tani et bons débuts à Diabo. Nous avons la volonté de vous aider à vous installer au sec d’ici le mois de mai où la saison des pluies va débuter.

Nous lançons un appel aux adhérents et sympathisants de l’association car il faut aussi des fournitures pour les élèves. Merci pour votre fidélité. Amitiés.

Jean-Marc & Anne-Marie Bruel

Pour le Bureau de l’association

Karel le 23/03/2023

L’Harmattan fait rage depuis quelques semaines dans l’Est du Burkina. Il perturbe les conditions de vie des habitants du Gourma.

Nafissatou, l’enseignante responsable du Gourma, toujours en quête de solutions a trouvé refuge avec ses élèves dans les locaux paroissiaux pour que l’enseignement puisse être poursuivi.

Dans le centre du village de Binadéni, Marie et Tani sont, elles aussi, fidèles à leurs postes d’enseignantes en Gourmantchéma.

Le centre a bénéficié d’achats de fournitures

et les cours sont assurés du lundi au samedi, matin et soir.


Avant l’arrivée des pluies de mai à octobre, les enseignantes lancent un appel pour l’achat de tôles, de parpaings et de ciment pour l’amélioration de l’abri où sont dispensés les cours.

Ces nouvelles du bout du monde nous touchent tous beaucoup et nous savons que vous répondez présents à nos appels à la solidarité. Le Bureau de Zoodo vous en remercie par avance. Amitiés à tous.

Jean-Marc & Anne-Marie Bruel
Pour le Bureau de Zoodo

Le mardi 24 janvier, le monde a célébré la Journée internationale de l’éducation. Dans certaines partie du monde, force est de constater que ce domaine connait d’innombrables difficultés, constate Omar Sylla dans cette tribune. Au Burkina Faso, selon lui, le plus grand défi de l’éducation reste l’insécurité.

« Le Burkina vient de franchir la barre dramatique d’un million d’enfants affectés par la fermeture des écoles en raison de la crise sécuritaire » écrivait l’ONG Save The Children dans un communiqué datant de novembre 2022.

A ce moment-là, le pays venait tout juste de connaître son deuxième coup d’Etat en huit mois au motif d’une dégradation sécuritaire à enrayer. Investi le 21 octobre 2022 le capitaine Ibrahim Traoré s’était alors donné pour objectif « la reconquête du territoire occupé par des hordes de terroristes ». Justement, ce sont ces hordes qui prennent les écoles pour cibles depuis 2016.

Malgré les efforts des Forces de Défense et de Sécurité et des Volontaires pour la Défense de la Patrie, la situation des fermetures d’établissement scolaires a encore empiré comme en témoigne un rapport statistique en date du 31 décembre 2022. Selon ce document, publié mensuellement par l’Education en Situation d’Urgence (ESU), organe du ministère de l’éducation nationale burkinabé, le bilan de la situation des fermetures est catastrophique et affecte tout un pays.
Alors que 5574 établissements étaient considérés fermés en novembre 2022, pas moins de 679 autres fermetures sont venues ternir un bilan déjà bien inquiétant. Concrètement, la majorité des communes affectées par la crise sécuritaire est située dans le nord du pays, mais la situation s’étend progressivement aux communes plus au Sud et à l’Est. L’étau se resserre. Cela concerne d’ailleurs tout type d’établissement, des centres d’éveil et d’éducation préscolaires (CEEP), aux écoles secondaires en passant par les écoles primaires. Au total, ce sont déjà près de 24% des structures éducatives du Burkina Faso qui sont concernées ; En d’autres termes, cette situation affecte à présent 1 076 155 d’élèves.
Le mouvement semble empirer au fil des mois. Au 31 mai 2022, 4258 écoles étaient fermées, soit environ 17%. En décembre 2021, c’était déjà plus ou moins 13% pour 3280 établissements et un peu plus de 500 000 élèves. Le nombre d’établissements fermés et d’élèves affectés par cette crise sécuritaire a pratiquement doublé en un an. On peut s’interroger sur les conséquences à long terme de cette situation.
Au-delà de la lutte contre le terrorisme, contribuant à empêcher les fermetures ou à permettre les réouvertures, de plus en plus d’établissements ont été délocalisés, de même que les élèves ou les professeurs. Pour cela, le Burkina Faso a construit des espaces temporaires d’apprentissage. Les regroupements de niveaux ont également été expérimentés. Il s’agit de solutions alternatives permettant d’atténuer modestement les conséquences d’une situation dramatique. Cela reste peu satisfaisant. Car si le terrorisme demeure le premier frein à l’école au Burkina Faso, l’école est aussi le premier frein au terrorisme.
Il conviendrait, ainsi, d’aller au-delà des opérations de délocalisation ou de regroupement. Si rien n’est fait rapidement pour inverser la tendance, cela pourrait priver potentiellement plusieurs générations d’éducation et d’avenir…. L’éducation est un droit fondamental et le terreau du développement intellectuel.
Au-delà de la lutte actuelle contre le terrorisme avec des armes, l’éducation reste un pilier à ne pas négliger car c’est par elle que passe le développement d’une nation. Il s’agit d’un rempart au terrorisme de demain. Les études de l’ONG Save The Children démontrent à juste titre que les risques d’enrôlement dans les groupes terroristes augmentent drastiquement si les enfants sont déscolarisés. L’inverse est aussi vrai.
Une question reste tout de même en suspens : les moyens mis en place pour lutter contre la déscolarisation sont-ils réellement suffisants pour envisager l’avenir avec confiance ? L’avenir nous le dira.

Article publié ce 15 février 2023 dans Le Faso.net.