Les enseignantes de Zongo et leurs élèves sont chères au cœur des membres du Bureau de Zoodo et des adhérents des débuts de l’association et de son travail d’alphabétisation des adultes. Chacun de nos séjours dans notre cher Faso est l’occasion de rencontrer ces dames devenues des amies au fil des années.

Les conditions d’apprentissage des 79 femmes de Zongo, village non-loti de l’ouest de Ouagadougou et les conditions de travail de leurs trois enseignantes sont au centre de nos préoccupations depuis 10 ans. Nous saluons les engagements des enseignantes fidèles à leur poste depuis 2008 et de leur plus fidèle alliée Rasmata Badini, directrice de l’école Pouiwindin qui consacre sa vie à l’alphabétisation des habitants du village.

Nous y avons envoyé notre fidèle Arouna Sandwidi qui n’a pas hésité à prendre son vélo depuis son village de Saaba  situé « aux antipodes » de Zongo à l’est de Ouagadougou pour conduire deux réunions de concertation les 25 avril et 31 mai. Nous le remercions pour son compte rendu de réunion qui nous aide à évaluer la situation à Zongo.

 

L’ETAT D’AVANCEMENT DES COURS

Selon les deux enseignantes du centre de ZONGO-POUIWINDIN (Aminata OUEDRAOGO et Mamounata TIENDREBEOGO) les cours se déroulent bien malgré les difficultés qui ne manquent pas.  C’est la période de chaleur, le commerce de la glace est très bénéfique à cette période ce qui fait que la majorité des femmes inscrites s’adonnent à cette activité  et notre classe reste presque vide pendant les cours, a dit Aminata OUEDRAOGO.

 

LES DIFFICULTES

  • Les femmes viennent nombreuses  au début mais n’achèvent pas toujours la formation car la vie est difficile à Zongo et les familles sont occupées par leur survie.
  • Les enseignantes en période de pénurie alimentaire peinent à trouver une motivation générale à l’ égard  des apprenantes. Elles demandent si possible d’organiser une cérémonie de clôture chaque fin d’année où les meilleures seraient primées.
  • Les prix des matières premières pour la fabrication du savon et du soumbala ont connu depuis un an une augmentation record, ce qui fait que l’achat au détail de celles-ci n’offre pas de bénéfice sinon occasionne une perte. Actuellement seule la fabrication occasionnelle de gâteaux apporte un peu d’argent aux femmes.
  • Le Bureau de Zoodo déplore la situation des femmes qui ont été victimes en 2013/2014 d’individus sans scrupule qui les ont dépossédées, sans être inquiétés, d’une partie du matériel de savonnerie, d’un  hangar et de deux petits locaux qui leur avaient été offerts lors des débuts du centre.  Le poids des traditions gêne ces 82 femmes qui n’arrivent pas à constituer un collectif et démarrer  les démarches officielles qui leur permettraient de faire valoir leurs droits.

LES ATOUTS

  • Le matériel didactique reçu. C’est la Présidente de Tiigs-Taab Zoodo, Minata Ouedraogo qui en avait fait la demande, à l’inspection de l’enseignement non-formel de Koudougou lors de l’inauguration du nouveau centre, a obtenu des livrets de formation qui apportent un essor au centre.

Ces livrets sont à l’usage des élèves et des enseignantes qui enseignent à Pouiwindin et à celle de l’antenne de Zongo nord dirigée par Alimata Garikoé.

De gauche à droite : Alimata Garikoé, Mamounata Tiendrébéogo, Aminata Ouedraogo, Rasmata Badini

  • Le centre dispose des moyens (locaux et matériel) mis généreusement à disposition par Rasmata Badini, Directrice du complexe scolaire.

  • L’APPRECIATION DE LA FORMATION PAR LES APPRENANTES

A la question de savoir  si leur formation leur est utile, elles disent d’être très satisfaites. Cela leur permet de pallier leurs lacunes dans la vie courante. Elles demandent aux amis français de continuer à les soutenir.

NANA Awa,  une apprenante avec laquelle nous nous sommes entretenus nous dit : « tu vois ce qui me fait mal c’est que parmi mes amies, je suis la seule qui ne sais lire ni écrire. Parfois elles se moquent de moi. Une fois on m’a indiqué un lieu que je ne connaissais pas, j’y suis passée et repassée sans retrouver. Quand j’ai appelé on m’a dit que c’était à l’endroit où j’étais arrêtée. Il y avait une pancarte bien écrite mais je ne savais pas lire. C’est alors le moment pour moi de mettre fin à cette ignorance. Je demande aux amis français de continuer à nous aider. »

Les apprenantes mères d’élèves de l’école Pouiwindin ont souvent leurs enfants parrainés par des Français et bénéficient des efforts consentis en période de famine ce qui aide les familles. En apprenant, elles mêmes elles aident de façon très appréciée leurs enfants dont les résultats scolaires sont améliorés. La directrice de l’école, Rasmata Badini est satisfaite de la source de progrès humain et social que constitue la présence des unités d’alphabétisation dans le village.

LE MOT DU PRÉSIDENT DE ZOODO FRANCE

 » Chères amies de Zongo,

Vous vivez et souffrez sans bruit à Zongo. A 4500 km, nous souffrons aussi Anne-Marie, les amis membres du Bureau  et moi de constater, que personne ne s’est présenté à ce jour pour vous aider à relever la tête et à faire valoir vos droits : celui de rentrer en possession de cadeaux que l’association Zoodo vous a offert et que vous ne pouvez, ni ne savez faire respecter. Pouvoir coutumier, autorités administratives à quelle(s) porte(s) finirez vous par taper peut-être un jour ? Pour nous Européens quel monde redoutable que celui dans lequel vous essayez d’avancer ! QUI SE LÈVERA AU PAYS DES HOMMES INTÈGRES POUR VOUS AIDER. QUI DONC ?

Amitiés.

Jean-Marc Bruel

Président »

3 commentaires sur RENCONTRES AU CENTRE D’ALPHABETISATION DE ZONGO

  1. Corinne teulier dit :

    Ces témoignages sont intéressants.
    A la fois très poignants et tellement encourageants malgré tout.
    Ils ne peuvent pas nous laisser indifférents, nous devons poursuivre nos efforts tous ensembles à leur côté.
    corinne

    • Zoodo dit :

      L’alphabétisation apprentissage de la citoyenneté et source d’émancipation. Nous sommes sur cette même longueur d’ondes là. Est-ce que nos amies vont se battre pour récupérer des locaux qui pourraient leur rendre des services appréciables ? Affaire à suivre.
      Anne-Marie Bruel

  2. Zoodo dit :

    Petite métaphore que j’ai utilisé lors de la réunion du 12 janvier avec les enseignantes et les femmes de Zongo, pour illustrer la position du Bureau de Zoodo face aux spoliations dont elles sont les victimes passives:
    « Si ton père t’offre un mouton et que c’est ton voisin qui le mange… Est-ce que tu retourneras voir ton père pour lui réclamer un deuxième mouton ?»
    Anne-Marie Bruel

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