»Fidéline, l’une des soeurs d’Antoine, le Coordonnateur de Zóodo-Burkina, nous a invitées chez elle à Fada N’Gourma,  pour manger une pintade aux  choux et c’est à la fin de ce délicieux repas que nous avons abordé la condition de la femme Burkinabée (en langue mooré on peut écrire: une burkinabé).

Fidéline est infirmière puéricultrice. Avec elle, nous avons parlé de la condition des femmes au Burkina-Faso : alphabétisation,  scolarisation, accouchement, péri- mortalité, excision,  espacement des naissances…

Au Burkina -Faso, les femmes représentent 52% de la population, mais assurent 60% de la production agricole.
Malgré tous leurs efforts pour accéder au monde du travail les femmes Burkinabés constituent 51,7% des groupes extrêmement pauvres du pays .

 

Le nombre des difficultés, qui freinent l’épanouissement de la femme Burkinabé, vient en premier lieu du faible niveau d’instruction des filles et des femmes.

Le B. F.  a un taux de scolarisation faible et défavorable aux filles.
En 2000/2001 42,7% d’enfants sont scolarisés, soit 33,3% pour les filles, contre 47% pour les garçons ( et seulement environ 13 % des femmes adultes ont été alphabétisées).

La discrimination est due essentiellement aux :

– Traditions
– Mariages précoces et forcés ,
– Insuffisance d’infrastructures des écoles ,
– Eloignement scolaire ,
– Inégalité des tâches dans la famille.

En effet,  à travers les contes, les proverbes, l’éducation traditionnelle, la femme n’occupe pas la place la plus favorable.

Petite, la femme doit aider sa mère.

Jeune fille, elle est considérée comme étant en instance de départ (pour mariage ) et continue d’aider au foyer familial, contre très peu d’argent (ou pas du tout) en échange.

Épouse, la femme est une étrangère dans la famille de son mari …  A tout moment sa situation matrimoniale peut changer : divorce ou arrivée d’une coépouse, décès de son mari qui lui vaudra d’accepter  le « lévirat »(chez les animistes (obligation absolue d’épouser son beau-frère, sous peine d’expulsion du village) .

La femme burkinabé vit souvent ses angoisses et ses frustrations dans une ambiguité statutaire entre sa famille paternelle et celle de son mari.

Toujours première levée, dernière couchée, la femme ne dispose pas de beaucoup de temps, pour aller aux cours d’alphabétisation.

Les petites filles sont impliquées très tôt dans les activités domestiques (corvées d’eau,  de bois,  garde des enfants, vaisselle etc …) .


On inscrira plus facilement son frère à l’école, qui  est toujours payante (beaucoup de familles ne peuvent pas payer) et souvent éloignée du lieu de vie de la famille (fréquemment les enfants parcourent 15  km à pieds aller-retour).

Même si les hommes jouent un rôle important dans la reproduction du système familial, et prennent les décisions importantes du ménage, ils ne participent pas du tout aux tâches ménagères (ils sont agriculteurs pour 83% d’entr’eux ou petits artisans pour une bonne part des autres).

Les femmes sont les seules impliquées dans l’entretien de la famille,  l’éducation,  l’alimentation et les soins à donner aux enfants ( la moyenne est de 6 enfants, 8 en brousse), après les cultures, le transport de l’eau ou le petit artisanat (souvent tissage).

Les femmes participent aux travaux champêtres dans le champ familial (au Centre, au Nord, ce sont des nomades) et dans les champs de coton (au Sud- Ouest du pays).

C’est à elles que reviennent les tâches clé de la production (semer, repiquer, transporter les récoltes etc). Elles exploitent de plus en plus des lopins de terre personnels pour leurs propres cultures d’arachides, de niébé, de karité, légumes, etc . ou leur propre petit commerce, en ville.

Les produits de cueillettes et leurs transformations ex: fabrication de savons avec le beurre de karité, l’artisanat (tissage du coton, poterie, couture),

l’exploitation et le petit commerce (vente de bois, couture, coiffure,  blanchissage, cuisine ambulante, etc.) sont encore dominés par les femmes même si avec la raréfaction des ressources naturelles, les hommes ont tendance à récupérer ces différents domaines.





Il est donc fréquent que les femmes Burkinabé abandonnent les cours d’alphabétisation : écriture, calcul, et lecture, en raison, de ces nombreuses tâches qui leur incombent.

Dans tous les centres que nous avons visités, nous avons ressenti beaucoup d’intérêt et de fierté de la part des femmes pour le suivi régulier des cours d’alphabétisation.
A Tambougou, nous avons été subjuguées par la volonté d’apprendre des femmes dans la « maison du savoir », si bien encadrée par la très lumineuse Fatimata, leur institutrice.

Il y a nécessité de les aider à travers notre association ZÓODO, dans leur progression, dans cet accès à l’instruction qui les rend autonomes, qui leur permet de mieux faire face aux aléas de la vie, de prendre en charge avec plus de clairvoyance : leur santé, leur grossesse, l’espacement des naissances, le respect dû à leur corps, le bien être social et économique de leur famille et une place dans la société, qui reconnaitra enfin leur juste valeur ! Afin qu’elles aussi, aident leurs filles à accéder le plus tôt possible à l’école.



C’est là que, nos échanges d’amitiés, les parrainages, les dons financiers de chacun des adhérents de Zoodo, si modestes soient-ils … Nos voyages au Burkina-Faso pour les rencontrer, les marchés si ardemment pratiqués pour la vente d’artisanat chaque dimanche, par Anne-Marie et Jean-Marc prennent tout leur sens …

Cela s’appelle ZÓODO …. et Il faut y aller pour le voir ! »

Suzanne J

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